Une surmortalité moins importante qu’annoncée en mars 2020 à Mayotte

Nous préfèrerions éviter de publier ce décompte morbide à la veille d’un week-end, mais le vendredi est le jour choisi par l’INSEE au niveau national. La surmortalité en partie imputable à la dengue à Mayotte et non au Covid, a surtout frappé les personnes âgées.

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2008
Évolution des décès en mars 2020 sur mars 2019 en France

Exceptionnellement pendant la pandémie de Covid-19, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) délivre de manière hebdomadaire, le nombre de décès en France par jour et par département. En raison d’un dysfonctionnement, le département des Bouches du Rhône n’est pas pris en compte.

Les données maintenant comparées sur l’entier mois de mars 2019 et 2020, permettent d’atténuer le phénomène de forte surmortalité (annoncé à 30% à Mayotte la semaine dernière).

Sur le plan national, à première vue, on ne sera pas surpris que cette mortalité soit supérieure en 2020 à l’année 2019 sur la période allant du 1er au 30 mars, 57.441 contre 52.011. Par contre, ce chiffre reste en dessous de celui de 2018, sur la même période, qui avait enregistré 58.641 décès, en raison d’ une grippe saisonnière particulièrement virulente. Notons que le nombre de décès pour mars 2020 enregistré ce 10 avril, pourrait encore être révisé, puisque celui de la semaine dernière a été relevé de 2,4% (en raison de transmissions tardives à l’INSEE).

Seules deux régions, le Grand Est et l’Ile-de-France battent le triste record de 2018, avec un chiffre supérieur de 39% aux statistiques mortuaires de 2019. Sur l’ensemble du pays, le virus confirme qu’il est plus sévère chez les hommes que les femmes, puisque les premiers meurent davantage, 13% de plus en mars 2020 qu’en 2019, contre 8% pour les femmes.

Nous perdons heureusement des couleurs

Les décès par lieu et par tranche d’âge à Mayotte (INSEE)

Notre 101ème département perd donc heureusement des couleurs sur la carte retraçant l’évolution des décès en un an (voir ci-dessus). En quittant le peloton de tête du classement des départements ayant eu un nombre de décès en mars 2020 supérieur de 25% à 40% par rapport à 2019. Où on trouve le Val-de-Marne (39%), le Val-d’Oise (38%), le Bas-Rhin (38%). L’INSEE nous dit qu’il n’est « pas possible d’imputer systématiquement ces excès de mortalité à l’épidémie de Covid-19, notamment dans les départements où le nombre des décès est relativement faible et fluctuant d’une année sur l’autre ». C’est le cas de Mayotte.

Sur cette période, 82 décès ont été comptabilisés à Mayotte contre 69 en 2019 soit une progression de 18,8% et un écart de 13 décès. Un accroissement des décès moins spectaculaire que les 30% annoncés la semaine dernière, mais qui interroge malgré tout alors que Mayotte n’avait enregistré qu’un seul décès lié au Coronavirus le 30 mars 2020. Dominique Voynet, directrice de l’ARS Mayotte, évoquait lors d’une conférence de presse, que ces décès « seraient vraisemblablement liés à la dengue », avec des corps rapidement enterrés comme le veut la tradition.

A partir de cette semaine, l’Insee produit également la répartition par grande classe  d’âge de ces décès et le lieu de survenu de ceux-ci (hôpital, maison de retraite, domicile…). « Pour Mayotte, les chiffres sont faibles et peu représentatifs mais on note une légère surmortalité  pour les 75-84 (21 en 2020 contre 14 en 2019) mais qui appelle à la vigilance dans son interprétation compte-tenu de la faiblesse des effectifs évoqués ici », décrypte Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne locale de l’INSEE.

Le petit tableau qu’il a élaboré montre que les décès se produisent majoritairement à domicile en 2019 comme en 2020, ce qui est habituellement le cas ici, d’autant plus qu’il n’y a pas de maison de retraite ou d’EHPAD.

A.P-L.

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