« Presque », parce que certaines données restent floues. En matière de tests, les chiffres du diagramme en bâton* de la page 3 indiquent par exemple 613 tests en semaine 17 (celle du 20 avril) et 1.011 pour la semaine 19 (du 4 mai), quand les statistiques détaillées page 6, donnent 691 en semaine 17 (680 du laboratoire du CHM et 11 du laboratoire privé) et 1.138 en semaine 19 (1.018 du CHM et 120 du privé). Difficile d’avoir une base solide. On constate malgré tout que nous sommes passés de moins de 100 tests par jour à environ 150 en 2 semaines. Une montée en puissance qui se heurtera au plafond de la capacité maximale de 200 tests des deux laboratoires, nous dit Santé Publique France. En attendant l’arrivée de machines supplémentaires, qui permettront de monter en puissance selon Dominique Voynet dans son dernier point presse, et sous réserve de passer en 24h/24 à l’hôpital.
La lecture du diagramme est également faussée par le dernier bâton, de la semaine 20, dont il ne faut pas tenir compte puisque la semaine n’est pas échue. D’ailleurs, à La Réunion, les statistiques ne rapportent pas les données de la semaine en cours.
Pour 100 tests, 32 personnes étaient dépistées positives au Covid 19 en semaine 19 sur les deux laboratoires, ils étaient 34% la semaine précédente. Une légère baisse de ce taux de positivité donc, mais pas significative, « le taux de positivité peut-être influencé par les résultats d’opérations de dépistage menées par Santé Publique France et l’ARS dans le cadre des investigations de clusters », il y a en effet plus de chance de tomber sur des cas positifs au sein d’une même famille ou d’un groupe professionnel.
Le Grand Mamoudzou très impacté
On observe que 65% des malades ont moins de 45 ans. Près des deux tiers des cas (62,7%) étaient âgés de 18 à 44 ans. L’âge médian des cas est de 38 ans (c’est à dire que la moitié des cas ont moins de 38 ans). Le cas le plus jeune est âgé de 1 jour et le plus âgé de 93 ans. Parmi les 25 enfants de moins de 15 ans, on compte 20 enfants de 8 à 14 ans, 1 enfant de 3 ans et 4 enfants de moins d’un an.
Parmi les 1.210 cas de COVID-19 confirmés au 14 mai à Mayotte, la profession était renseignée pour 853 cas:
– 115 travaillaient en milieu de soins (hospitalier, libéral ou autre), dont 25 personnels médicaux, 64 personnels paramédicaux, 26 autres
– 52 personnels des forces de l’ordre et des sapeurs-pompiers : 43 membres des forces de l’ordre et 9 sapeurs-pompiers
– 404 sans activités : 53 personnes retraitées, 75 enfants/étudiants, 276 ‘sans activité’
Les investigations menées « autour de chaque cas confirmé de Covid-19 afin d’identifier l’origine de la contamination », avec notamment l’exposition à risque dans les 14 jours précédents les signes cliniques et le contact tracing d’identification des cas contacts a amené les équipes de SpF et de l’ARS à contacter prés de 2.000 personnes. « Les mesures de prévention et la conduite à tenir en cas d’apparition de symptômes sont dispensées à tous les contacts, des masques leur sont également remis. Ces actions ciblées contribuent à limiter la propagation du virus. »
Depuis deux semaines, la circulation du virus s’est intensifiée sur le territoire. Plus de 50% des cas ont été confirmés sur les deux premières semaines de mai. Les nouveaux clusters (foyers) sont principalement concentrés dans la commune de Mamoudzou, particulièrement dans les villages de Mtsapéré (Doujani et Mandzarsoua), Cavani (Ambaraz, Briqueterie), Kaweni et Mamoudzou (Mgombani). Une zone à forte densité de population. D’autres clusters ont été identifiés, notamment à Sada. Enfin, une réémergence a été observée dans les 2 villages de Petite-Terre où d’anciens foyers avaient été maitrisés.
Au plus prés des habitants
Entre la semaine 15 et la 20, en lien avec l’identification de clusters, l’ARS a organisé 12 interventions pour informer les habitants sur le COVID-19, le mode de transmission de la maladie, ses symptômes, ses signes de gravité et les situations nécessitant un appel au Centre 15. Les gestes barrières et l’usage efficient du port du masque ont été expliqués. De plus, 7 interventions de sensibilisation sur la voie publique ou dans des zones informelles ont été réalisées de manière ciblée.
Sur ces deux mêmes semaines, 110 cas ont bénéficié d’une intervention à leur domicile. Ces visites ont pour objectif l’information des cas et des personnes partageant le foyer, sur la pathologie, le rappel des mesures de prévention, des gestes barrières, des recommandations d’hygiène et de bio nettoyage, l’évaluation des conditions de vie et aide au confinement au sein du logement (accès à l’eau et aux sanitaires), l’évaluation sociale et relais aux CCAS si nécessaire, la fourniture de masques pour les membres du foyer et de matériel pour faciliter l’hygiène au domicile et limiter la contamination (seaux, jerricans, gobelets et savons), etc.
« Certaines interventions ont facilité l’acceptation ou à la compréhension de la pathologie, ce qui constitue une première étape indispensable à la mise en place des mesures de prévention autour du cas. Elles ont également contribué à l’identification de nouveaux clusters. »
La moitié des malades hospitalisés a moins de 50 ans
Les principaux symptômes déclarés de la maladie sont la toux (66,9%), la fièvre (65,9%), des maux de tête (62,5%) et une asthénie (grande fatigue, 59,3%). Les courbatures et les pertes de goût et d’odorat sont également fréquentes 54% et 38%).
Plusieurs malades souffraient déjà d’autres pathologies, « la majorité des patients hospitalisés présentaient des comorbidités », nous dit SpF. Parmi eux, 41% souffraient de diabète, 41% d’obésité et 36,4% d’hypertension artérielle. La lutte contre ces fléaux doit devenir une priorité des politiques de santé. Depuis le début de l’épidémie, 54 femmes enceintes ont contracté le COVID-19.
Depuis début mai, une tendance à l’augmentation des hospitalisations pour COVID-19 est observée, 38 patients en moyenne sur la semaine du 4 avril contre 33 la semaine précédente (nous en sommes à 49 ce dimanche). Depuis le 13 mars 2020, 223 patients ont été hospitalisés au CHM et 159 d’entre eux retournés à domicile (71%). L’âge médian des personnes ayant été hospitalisées est de 51 ans et la majorité était des hommes.
Sur la semaine du 4 mai, 255 passages aux urgences pour suspicion de COVID-19 ont été rapportés, représentant 30,5% de l’activité totale. Cet indicateur poursuit l’augmentation observée depuis plusieurs semaines, mais il est à relativiser nous dit SpF en raison de la forte épidémie de dengue aux symptômes proches.
Les décès touchent des personnes déjà fragilisées
Depuis le signalement du premier cas de COVID-19 sur le territoire, 22 patients ont été admis en réanimation, 15 hommes et 7 femmes. La majorité des patients admis en réanimation (64%) étaient âgés de 45 à 64 ans. Un nouveau-né a été admis en réanimation néonatale à la naissance.
Parmi ces 22 cas graves, 19 patients, 86%, présentaient au moins un facteur de risque de forme grave de COVID-19. Il s’agissait principalement de patients diabétiques (41%), obèses (41%) ou hypertendus (36%). Prés de la moitié des patients représentaient au moins 3 facteurs de risque.
Les trois patients sans facteur de risque (connus ou présumés), étaient âgés de 11 ans, et avaient un problème cardiaque à moins d’une semaine de la date de début des signes.
Treize patients ont développé une détresse respiratoire, nécessitant une ventilation invasive pour 11 d’entre eux.
Parmi les 22 patients admis en réanimation entre le 13 mars et le 13 mai 2020, 10 ont été transférés dans un autre service hospitalier ou sont retournés à domicile, 5 étaient toujours hospitalisés dans le service, 7 sont décédés
Sur les 16 décès qui étaient enregistrés au 14 mai (on en déplore deux de plus depuis, âgés de 79 et 86 ans), 14 sont survenus en milieu hospitalier. Deux décès sont survenus dans les jours suivant un prélèvement naso-pharyngé positif pour le SARV-CoV-2, au domicile.
Les 16 décès de cas confirmés biologiquement sont survenus entre le 30/03 et le 11/05. La médiane d’âge des patients décédés était de 64 ans (la moitié des personnes avait moins de 64 ans). Par ailleurs, 2 patients sont décédés en présentant des signes évocateurs de COVID-19 au scanner thoracique mais sans confirmation biologique. Ces dossiers sont en cours d‘évaluation pour étudier la plausibilité d’une infection COVID19.
Lire le bulletin Mayotte_PER_COVID19_2020514
Anne Perzo-Lafond
* Le diagramme en bâtons ci-dessus est lui même sujet à caution, en raison de la tentation d’additionner les cas négatifs en bleu avec les cas positifs en rouge. Ce qui accroit le nombre total de tests, et fait donc diminuer le taux de positivité (de 36,8% à 26,9%). Il semble que le chiffre en bleu indique bien le nombre total de tests, donc 1.011 en S19, comme le montre le repère de gauche. L’idéal serait d’avoir deux bâtons rouge et bleu accolés par semaine
Article excellent comme toujours avec Anne Lafond.
« On observe que 65% des malades ont moins de 45 ans. Près des deux tiers des cas (62,7%) étaient âgés de 18 à 44 ans. L’âge médian des cas est de 38 ans (c’est à dire que la moitié des cas ont moins de 38 ans). Le cas le plus jeune est âgé de 1 jour et le plus âgé de 93 ans. Parmi les 25 enfants de moins de 15 ans, on compte 20 enfants de 8 à 14 ans, 1 enfant de 3 ans et 4 enfants de moins d’un an. »
Il y a 75 enfants/étudiants
Population de Mayotte, il faut se poser les bonnes questions : pourquoi les autorités cherchent à tout prix à réouvrir les écoles.
Je sais, voys me direz, pour relancer l’économie.
Mais tou, en tant que parent, prends tes responsabilités
selon les estimations Mayotte doit avoir 70% de contamination pour avoir vacciner la population