C’est un court Point épidémiologique régional que livre Santé Publique France cette semaine (Lire SpF Mayotte_PER_4_06_2020). Il met en évidence l’impact du foyer épidémiologique (cluster) du centre pénitentiaire, qui fait remonter les courbes du nombre de cas et donc du taux de positivité. Si on exclut cette « déformation de la tendance générale », dixit Dominique Voynet, la diffusion de l’épidémie marque le pas.
Le plus haut s’étale sur la période du 4 au 14 mai selon les bâtons du diagramme. En prenant en compte le dépistage en dents de scie, procurant un curieux diagramme en bâtons, la courbe du taux de positivité inverse sa tendance à ce moment là. Le nombre quotidien de Covid+ affiche un plus haut sur la semaine du 4 mai, 34%, pour décroitre lentement ensuite, 33,4% en semaine du 11 mai, 28,7% en semaine du 18 mai, et donc une remontée à 30,2% la semaine du 1er juin, lié aux cas de la prison. A la condition qu’il n’y ait pas un nouveau démarrage lié aux chaines de contamination issues de ces clusters, on peut donc déduire que le pic a été atteint en début ou moitié du mois de mai à Mayotte.
Difficile encore maintenant de dire qu’on a du recul sur l’épidémie. Nous avons eu droit sur le plan national à une profusion d’analyses se contredisant parfois elles-mêmes, de quoi semer le doute chez le simple citoyen sur la crédibilité des scientifiques, en sus de nos politiques.
Les régions précaires et surpeuplées plus durement frappées
Outre l’impact du climat souligné par beaucoup d’étude, le virus semble avoir frappé plus fortement les régions précaires et surpeuplées. C’est la constatation que fait le conseil scientifique de Jean-François Delfraissy dans son 7ème avis. Pour savoir à coup sûr à quelle sauce on va être mangé (ou pas on l’espère !) par ce virus, il avance 4 hypothèses sur sa propagation en France. « Ces scénarios permettent d’établir et de proposer des mesures à prendre dans chacune de ces situations. Les mesures doivent être élaborées dès maintenant pour être opérationnelles lorsque cela sera nécessaire. »
La plus basse part sur une épidémie sous contrôle, associée à la présence de « clusters localisés pouvant être maitrisés ». Le maintien des mesures de lutte contre l’épidémie reste de rigueur.
Plus défavorable, le deuxième scenario verrait apparaître « des clusters critiques, laissant craindre une perte de contrôle des chaînes de contamination, et donc du contrôle de l’épidémie elle-même ». Ce scénario exigerait des mesures strictes, précoces et localisées, afin d’éviter une perte de contrôle plus large de l’épidémie.
Le troisième scenario, ferait basculer une situation contrôlée vers une reprise sourde et progressive de l’épidémie. « Des indicateurs se dégraderaient alors sans que les chaînes de contamination puissent être identifiées, ni a fortiori contrôlées. Ce scenario exigerait des mesures strictes ». Les mesures à prendre pourraient encore être envisagées à une échelle régionale si les indicateurs le permettent ou au niveau national.
On l’a compris, le 4ème scénario serait le cauchemar de la reprise de l’épidémie sans aucun contrôle, avec un arbitrage entre le retour possible du confinement à l’échelle du pays et la préservation de la situation difficile d’une partie de la population et des indicateurs économique.
Le Conseil scientifique propose un plan de Prévention et de Protection renforcées (P2R COVID) en 7 volets permettant de préparer des mesures qui pourront être activées graduellement ou massivement selon les caractéristiques de l’épidémie dans les semaines et mois qui viennent
Lire l’avis Conseil scientifique avis 7
Anne Perzo-Lafond
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Il faut en finir de se fier à une courbe des cas positifs totalement farfelue. Tout le monde sait que le taux de prélèvement est très faible et que les réactifs sont souvent manquants. Il faudrait que l’on diffuse la courbe des hospitalisations et celle des décès qui seraient beaucoup plus représentatives de l’évolution de la maladie.