Dengue, affaiblissement d’une épidémie tueuse

La dengue a touché officiellement plus de 4.000 habitants sur l’île. L’épidémie décroit, mais sa sévérité en terme de mortalité interpelle sur la rigueur des mesures à adopter. Elles doivent s’apparenter, notamment en terme de communication, à celles mises en place pour le Covid.

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Le répulsif projeté par la Lutte anti-vectorielle dans les quartiers au petit matin en juin 2020

Les 2.508 cas de Covid-19 ce jeudi feraient presque pâle figure face aux 4.277 cas de dengue. On l’oublie, mais ce virus véhiculé par le moustique Aedes (moustique tigre) a provoqué 16 décès officiels. Officiels, car les statistiques des décès de l’INSEE montrent une surmortalité constante depuis le 1er mars par rapport à l’année dernière.

Au 1er juin, date des derniers relevés de l’INSEE, on dénombrait 277 décès en 2020 à Mayotte, contre 209 en 2019, soit un écart de 68 décès. A cette date du 1er juin, 25 décès liés au Covid étaient déclarés par l’ARS Mayotte, et donc 16 liés à la dengue. Pas d’explication donc sur les décès supplémentaires de 27 personnes par rapport à 2019. On peut raisonnablement penser qu’une partie est à relier aux deux épidémies en cours.

La virulence de la dengue cette année a provoqué depuis le 1er janvier, 403 hospitalisations, dont 25 patients admis en réanimation, et 944 passages aux urgences. Il y avait encore 50 cas par semaine en mai.

On parle de la gestion de l’épidémie de Covid, mais une réflexion doit être portée sur la réponse apportée dès le départ de l’épidémie pour éradiquer les gîtes larvaires, et aux mesures à mettre en place pour ne pas revivre une épidémie de même ampleur. Car la diminution de l’épidémie de dengue annoncée par Santé Publique France est entourée de précautions : « La persistance d’une circulation à bas bruit pendant l’hiver austral est à craindre et pourrait engendrer une recrudescence épidémique au retour de la saison des pluies. »

Le préfet de Mayotte et l’ARS rappellent ainsi que les mesures de lutte contre la dengue doivent être maintenues pour affaiblir davantage encore la transmission virale en cette période. Les équipes de l’ARS et du SDIS sont intervenues ces dernières semaines dans les zones touchées.

Se protéger pour protéger les autres

Des réserves d’eau où prolifèrent les larves, et qu’il faut absolument vider régulièrement

« Les recommandations sanitaires doivent être appliquées scrupuleusement par chacune et chacun : se protéger des piqûres de moustiques et continuer de se protéger si l’on est malade pour ne pas contaminer son entourage (répulsifs, vêtements couvrants, moustiquaires) », rappellent les autorités.

Nous n’avons pas été les seuls à subir les assauts de moustiques véhiculant la maladie, La Réunion a aussi été frappée par une forte épidémie de dengue cette année, et le sud de l’Hexagone enregistre un début de prolifération de moustiques tigre. Ce qui incite les autorités sanitaires à alerter les voyageurs à l’heure de la reprise progressive des vols commerciaux vers l’autre département français de l’océan Indien, mais aussi vers la métropole : « L’épidémie de dengue sévit toujours sur l’île voisine, et les conditions météorologiques estivales que connaît actuellement la métropole favorisent la prolifération du moustique tigre, vecteur du virus de la dengue. »

En cas de voyage dans un pays où circule le virus, des mesures de protection sont recommandées.

Un agent de la lutte anti-vectorielle équipé pour une mission de lutte contre les moustiques Aedes

Au départ vers une zone à risque :
– Se protéger contre les piqûres de moustiques pour éviter de contracter la maladie pendant le séjour
– Contacter immédiatement un médecin en cas d’apparition de symptômes

Au retour à Mayotte :
– Contacter un médecin en cas d’apparition des signes de la maladie dans les 7 jours suivant le retour
– Continuer à se protéger contre les piqûres de moustiques dans les jours suivants l’arrivée pour ne pas transmettre la maladie

Il est important d’utiliser des répulsifs cutanés, le recours à ces produits reste le moyen le plus efficace pour se « protéger et protéger son entourage contre la dengue ».

Anne Perzo-Lafond

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