Les revendications des grévistes du laboratoire d’analyse privé de Mayotte sont de plusieurs ordres. Certaines concernent directement la direction du laboratoire comme la revalorisation salariale ou encore les conditions de travail, mais d’autres sont davantage du ressort de l’ARS. Ben Housman Abdallah, co-secrétaire général du syndicat Sud santé et représentant du personnel nous explique que beaucoup de techniciens de laboratoire ne sont en réalité pas en possession du diplôme nécessaire pour exercer leur activité. « Beaucoup n’ont pas de numéro ADELI qui est pourtant obligatoire pour exercer la profession », nous explique le syndicaliste. Employer des techniciens qui ne sont pas en possession de ce numéro permet de les payer moins cher et de profiter de leur situation de précarité selon Ben Housman Abdallah. « On a pourtant à Mayotte suffisamment de techniciens formés qui pourraient exercer ce métier dans les règles », déclare-t-il. En outre, le nombre de techniciens est largement insuffisant pour faire toutes les analyses nécessaires. « Nous sommes actuellement 8 techniciens seulement et certains sont malades ou en congé maternité, ce qui porte le nombre actuellement à 5 », s’indigne-t-il.
Briser le monopole du laboratoire privé
Les grévistes, qui représentent environ 80% du personnel du laboratoire, ont également marché vers l’ARS pour une autre raison. Ils souhaitent que le marché des laboratoires privés s’ouvre à Mayotte afin qu’ils ne soient plus les seuls à effectuer l’ensemble des analyses. « Quand vous arrivez à 7h du matin pour une simple prise de sang, vous pouvez ne ressortir qu’à 10h », déplore Ben Housman Abdallah qui estime qu’un seul laboratoire d’analyse privé est fortement insuffisant pour un territoire comme Mayotte.
Les grévistes n’ont pas été reçu par Dominique Voynet en personne, mais par un comité de gestion de crise qui n’a pas pu apporter de réponses satisfaisantes à leurs revendications. Il les transmettra dans les prochains jours à la directrice de l’ARS pour qu’elle apporte une réponse aux grévistes, repartis pour le moins insatisfaits.
Du côté de la direction, les grévistes n’ont aucune nouvelle pour le moment malgré la signature en 2019 d’un protocole stipulant l’application de la convention nationale des grilles salariales. La grève n’est donc pas prête de s’arrêter pour le moment au laboratoire d’analyse même si une petite partie du personnel continue à recevoir les patients…
N.G