Tests PCR : elle manque son vol à cause d’un faux-positif

Les tests PCR, par prélèvement nasal, sont nécessaires pour rejoindre Mayotte depuis la métropole. Mais l'examen n'est pas infaillible, et cette mesure a conduit des passagers à manquer leur vol sans être pour autant malades.

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ARS, Covid, Mayotte, Ewa air
A l'aéroport de Pamandzi, la tente de la Croix Rouge pour accueillir les voyageurs

Le test PCR est-il fiable ? En l’imposant avant de monter dans l’avion pour Mayotte, l’Etat a fait le choix d’un filtre sanitaire dès la métropole, épargnant lesdits tests à Mayotte et évitant aux passagers la quatorzaine à l’arrivée.
Mais la présence d’ARN viral dans les sinus, que le test PCR vise à démontrer, ne suffit pas à dire qu’une personne est malade.

Marie*, soignante à Mayotte, a fait l’amère expérience d’un faux positif qui lui a fait manquer son vol, la veille de la reprise du travail.

« Je suis partie en vacances le 11 juillet pour un mois. Pendant les vacances est tombé le décret selon lequel on devait se faire tester au retour. Partant de là Je profite de mes vacances tout en évitant les grosses réunions de famille et en respectant les gestes barrière le plus possible. »

Le tout sans grande inquiétude. En effet, Marie a été dépistée positive au nouveau coronavirus fin avril. En l’état actuel des connaissance, elle est donc déclarée guérie par l’ARS, et elle est a priori immunisée contre une nouvelle contamination.

« Comme j’ai eu le covid fin avril à Mayotte, je me disais que j’étais immunisée, donc je n’étais pas du tout inquiète, se souvient la jeune femme. J’ai fait un premier test le 5 août, un test gratuit sans sortir de ma voiture, pour un décollage le 9 août » relate-t-elle.

Mais le 6 août, la nouvelle tombe comme un couperet. Contre toute attente, le test s’avère positif : le voyage retour est compromis.

Un faux-positif à cause de résidus de virus mort

« Là, je tombe des nues. Le biologiste aussi, il m’a alors dit que des personnes étaient parfois positives plusieurs fois à cause de résidus du virus. »

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Face à ce résultat improbable, la soignante prend rendez-vous avec un médecin virologue de sa région. Ce dernier confirme l’avis du biologiste. « J’avais en fait encore de l’ARN de Covid mais qui était mort, du coup le test était positif mais je n’étais plus contagieuse. » Le praticien consulte alors un professeur en infectiologie dans un hôpital universitaire, qui conseille de « refaire des tests jusqu’à ce que j’en ai un négatif » se souvient la patiente, alors relativement rassurée sur son état de santé, mais pas sur son vol.

Le spécialiste lui parle en effet de  » covid chronique, ce qui voudrait dire que le virus, je l’aurai toujours en moi. Selon lui un test sérologique aurait été également positif en raison de la présence d’anticorps. Le médecin a proposé de me faire un certificat disant que le test était positif mais que je n’étais pas contagieuse mais ce n’est pas ce qu’Air Austral demande. »

Dès lors le calendrier s’accélère. Marie prend rendez-vous pour un nouveau test le vendredi 7 août, trois jours avant le départ, et décale son vol à lundi. Bien lui en a pris. Car si le test était cette fois bien négatif, le résultat promis pour le samedi n’est arrivé que…lundi.

Face à ce retard, la jeune femme a pu de nouveau décaler son vol à mardi, et, cette fois, s’envoler grâce à une dérogation qui permet les lundis et mardis de présenter un test effectué 96h plus tôt.

« L’angoisse »

En revanche, si l’employeur de la jeune femme s’est montré « compréhensif » selon elle, cette mésaventure n’a pas été sans conséquence. Suite au test positif, l’agence régionale de santé de son domicile en métropole l’a contactée, et a entrepris d’appeler les « cas contacts », en l’espèce, sa famille, dont plusieurs membres ont dû être testés. Passée l’angoisse, tous se sont avérés négatifs.

« Durant ces quelques jours je pense que j’ai rarement été aussi mal, c’était de l’angoisse, de la déprime, je ne savais pas si je pourrais rentrer un jour à Mayotte, j ‘aurais pu être encore positive pendant 3 mois » déplore-t-elle.

« Ce qui m’a surprise aussi, c’est la différence de prise en charge avec Mayotte. Quand je l’ai eu en avril, on en était à 430 cas à Mayotte et je n’ai pas eu un seul appel pendant ma quatorzaine, en métropole j’ai eu 3 appels en moins d’une semaine ».

Pour la jeune femme qui se remet de ses émotions et a retrouvé le chemin du travail, cette expérience montre deux choses : un manque de fiabilité des tests, et plus généralement de connaissances sur ce virus.

Dominique Voynet relie l’accroissement des cas à la dynamique des tests
(Photo ARS)

« Ce covid nous monte tous à la tête, ça nous rend dingues alors qu’on n’en connaît presque rien. Quant au test, il n’est pas fiable, si ça se trouve si je le refais je serai de nouveau positive, et plus deux jours après… »

Et comme une part croissante de la population a contracté le virus, avec ou sans symptômes, le risque de faux positifs lié à des résidus d’ARN augmente chaque jour, réduisant d’autant l’utilité de ces mesures de tests préventifs. Mais en l’absence d’alternative plus efficace, on n’a pas fini de nous tirer les écouvillons du nez.

*prénom modifié

Y.D.

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