Parallèlement aux tensions à Combani, des bandes continuaient à sévir à Koungou la semaine dernière. Un soir sur deux, des barrages étaient érigés, pour dépouiller les automobilistes.
La parentalité étant une fois de plus au centre du débat, le Centre communal d’action social (CCAS) et la politique de la ville ont mis en place une action en partenariat avec les Céméa. Ces derniers travaillent sur la transmission des valeurs éducatives à travers le jeu et le temps passé avec les enfants. Une méthode qui a fait ses preuves, « elle apaise les tensions », souligne Maylis Pouny-Fagalde, Chargée de la politique de la ville à la mairie de Koungou.
La nouveauté, c’est l’implication des 60 jeunes suivis par le CCAS dans le cadre du BAFA Citoyen. Certains l’ont validé, d’autres en sont à la 2ème ou à la 3ème étape, mais il s’agit déjà de savoir comment impliquer ces jeunes autrefois en errance. Nous les avions rencontrés, et leur dynamisme et leur enthousiasme méritaient d’être souligné, « nous avons appris la confiance et la dignité alors qu’on restait sur la route à rien faire », nous avaient-ils expliqué.
Leur suivi entre dans le cadre du Plan de lutte contre l’oisiveté de l’Etat, développé pendant les vacances scolaires de février cette année, « il s’agit de donner vie aux BAFA Citoyens », complète Nadia Manteau, Chargée de l’insertion au CCAS. Pour y arriver, les Céméa (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active initiateurs de l’action), ont dû dénicher des financements complémentaires de la Caisse de Sécurité sociale ou de la politique de la Ville.
Méli-mélo de villages, et c’est pas un jeu
Comme cela a déjà été mis en place par les Céméa, il s’agit de créer des jeux, et d’organiser un Festival du jeu du 19 au 21 novembre 2020. « Un événement qui devrait impliquer aussi les élus et les agents ».
L’idée est de proposer deux ateliers de fabrication de jeux par village de la commune, les deux Majicavo, Koungou, Trévani, Kangani et Longoni. « Nous créons 6 groupes de 10 jeunes mélangés, issus de villages différents, qui se connaissent déjà, et vont drainer derrière eux une synergie positive », rapporte Maylis Pouny-Fagalde, qui répartissait samedi dernier les actions en fonction des associations présentes. Ce sont elles qui encadreront les jeunes, en présence d’élus de chaque village, nous assure-t-on.
Nous avions pointé la faillite du tissu associatif de Koungou. Onze associations étaient présentes, « nous bouclons actuellement les aides », indique la jeune femme qui a pris le poste il y a 6 mois. Une action qui, elle l’espère, devrait porter ses fruits ensuite, les associations se connaissent peu, et ont en effet besoin de se structurer. » C’est donc en cours.
Les besoins sont énormes, on a vu à quoi menaient les errances lors des barrages nocturnes à Majicavo Koropa.
« J’ai les noms »
Un acteur local nous expliquait connaître quasiment tous ces jeunes, « mais c’est hors de question que je donne les noms, s’ils sont condamnés, ce sera pour une très courte peine, et en sortant, ils vont s’en prendre à moi. » Rappelons que la gendarmerie invite à déposer des témoignages anonymes, mais elle peine à convaincre. Notre témoin détaille le profil de ces jeunes : « Certains sont mineurs mais n’ont pas eu de place en lycée professionnel, d’autres ont grandi ici, mais ne savent pas où aller après le Bac. »
Nous avons fait un bond en avant considérable avec l’élargissement de la scolarisation aux 3-18 ans, que le recteur Gilles Halbout a commencé à décliner sans surseoir, malgré les difficultés de sous-dotations en écoles. Un rattrapage est enclenché, mais se pose toujours le problème de la dichotomie entre une scolarisation imposée de tous les enfants et leur expulsion après la majorité, pour ceux qui ne sont alors plus en situation régulière. Ces jeunes restent sur le territoire sans solutions.
Un Conseil citoyens et un comité des sages sont entrés en action à Majicavo. Des dissensions se sont faits jour entre associations de Kawéni et de Koungou, mais un terrain d’entente semble avoir été trouvé. En tout cas, un Comité de vigilance travaille lui aussi au plus prés des jeunes du village, nous explique-t-on.
Anne Perzo-Lafond