En préambule du lycée de Dzoumogne, un faré déjà grand par ses ambitions

C’est presque une petite habitation qui s’affiche en rouge de Brique de terre made in Mayotte à la sortie de Longoni. Un peu plus loin, un immense panneau affiche le futur lycée du bâtiment qui s’inspirera de ce petit frère conçu avant lui.

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Lycée bâtiment Dzoumogne, Mayotte
Le faré conçu comme le centre névralgique du projet du lycée

C’est un méga faré qui a été inauguré samedi dernier à Longoni. C’est qu’il symbolise à lui seul le projet du futur lycée des Métiers du bâtiment de Dzoumogne. Sur la maquette globale, il fait figure de lilliputien, comme absorbé par le gigantisme de la structure qui va pousser à partir de fin 2021 à ses côtés.

Pourquoi construire un faré annonciateur, quand les précédents établissements scolaires s’en sont passés ? C’est Lola Paprocki, architecte du cabinet « Encore heureux », qui nous répond : « Dès l’annonce de l’emplacement du futur lycée du bâtiment, une permanence architecturale a été installée et animée par Encore Heureux et Co-Architectes. Nous accompagnons depuis plus d’un an cette construction du faré de projet dans une logique d’un chantier ouvert, en faisant participer les scolaires alentours, mais aussi, pour réaliser un test sur un bâtiment en brique de terre comprimée. »

Encore Heureux, Co-Architectes, Mayotte
Les pontes de ‘Encore Heureux’ et de ‘Co-Architectes’ accueillis par le recteur lors de l’inauguration

Le Faré a en effet été construit dans l’esprit d’un chantier participatif ouvert, par une entreprise belge, le collectif Dallas, dont c’est la spécialité, et l’entreprise Ahamada Tchanga. La plupart des murs ont été montés par les maçons du lycée de Dzoumogné, avec également la participation des élèves des sections menuiserie et charpente du collège de Chirongui, dans une logique de réutilisation des matériaux. Non seulement les matériaux proviennent des précédents chantiers du rectorat, fer, brique, bois, pierres, mais ils ont aussi été récupérés sur l’ancienne mairie de Sada, porte, soubassements, on aperçoit même sur le toit quelques tôles brûlées lors de l’incendie d’octobre 2018.

L’Atex attendue pour l’alliance bois et brique

Les primaires aussi ont pu visiter le chantier, « ils ont participé à la chaine humaine symbolique qui nous a permis de transporter les briques, et depuis, ils sont nombreux à nous rendre visite sur le site. »

Le faré se fait tout petit, devant à gauche, sur la maquette expliquée par Lola Paprocki

C’est le recteur Gilles Halbout qui a initié cette méthode : « C’est important que l’émergence du lycée du bâtiment soit intégré dans son environnement local, que les habitants en perçoivent l’utilité, surtout quand il prendra davantage de volume et que son périmètre géographique en sera borné. » C’est aussi la démonstration qu’un bâtiment peut valoriser la Brique de terre comprimée (BTC), il rappelle le lancement du concept lors des journées de l’architecture, « on étudie l’alliance de la brique avec une structure en bois ».

Nous avions titré « Un projet à 60 millions pour 600.000 briques », le futur lycée tirera en effet les leçons de cet alliage Bois-BTC, qui n’est pas encore officialisé, « nous déposons des Attestation à l’expérimentation », indique Lola Paprocki. La Brique de Terre Comprimée de Mayotte a reçu il y a trois ans une Appréciation Technique d’Expérimentation (ATEx de type A) du Centre scientifique et technique du bâtiment, qui conditionnait son utilisation.

Le Faré de projet est à la fois une expérimentation architecturale, un point d’accueil des habitants une fois par semaine, et aussi, une salle de cours, « les enseignants de Dzoumogné pourront l’utiliser avec leurs élèves maintenant qu’on les a formés », complète Lola Paprocki. Une presse à BTC sera bientôt installée sur le site.

Avant d’être lancé fin 2021, le chantier du lycée professionnel devra subir des préalables dont des fouilles archéologiques.

Anne Perzo-Lafond

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