L’école de la 2e chance ressuscite à Combani

100 jeunes volontaires en décrochage scolaire pourront désormais retrouver une formation aux savoirs de base à Combani grâce à l'école de la 2e chance, et intégrer ensuite une formation. Un petit pas pour les faire revenir de loin.

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Les premiers volontaires ont retrouvé les bancs de l'école et passé des évaluations en maths

Il aura fallu six ans après la création de la première école de la 2e chance à Mayotte pour que le réseau national E2C y retente sa chance. Une deuxième chance pour l’école de la deuxième chance en somme.

La première avait été créée à Mamoudzou en mai 2014 mais la mayonnaise n’avait pas pris. Cette fois, l’Etat et le Département ont confié le projet à Mlézi Maoré, l’association aux plus de 400 salariés a la logistique pour faire vivre le projet, sis cette fois à Combani. L’inauguration a eu lieu ce lundi.

Et il était temps. « Nous étions à Mayotte quasiment le dernier territoire à ne pas avoir d’école de la 2e chance, alors que nous sommes probablement celui qui en a le plus besoin » déplore le préfet Jean-François Colombet. Il faut réussir cette école de la 2e chance, nous savons que d’autres ont échoué par le passé. »

Pour le représentant de l’Etat, il y a  « une cible privilégiée à traiter en urgence, cette cible c’est la jeunesse mahoraise. Elle est constituée de celles et ceux qui n’ont plus d’horizon ; plus de repère, plus de connaissances, plus de valeurs. Cela a donné lieu pour une partie de cette jeunesse à des actes de violences presque quotidiens que nous subissons ».

Dahalani M’houmadi, directeur de Mlezi Maoré, rappelle les fondamentaux du dispositif.

Dahalani M’houmadi, directeur de Mlezi Maoré

« L’école de la 2e chance c’est une nouvelle opportunité proposée à des jeunes de 16 à 24 ans en rupture scolaire mais qui ont envie de se projeter dans un avenir social et professionnel favorable. L’objectif c’est que le jeune puisse s’appuyer sur tous les acteurs de Mayotte, rectorat, Mlezi, maisons locales, pole emploi… pour manifester son intérêt pour intégrer l’école de la 2e chance.

Le jeune admis entre ensuite à l’école pour une durée moyenne de 9 mois où il va alterner formation sur les savoirs de base et la moitié de la formation en immersion en entreprise. L’idée est qu’il en sorte en ayant acquis ces compétences et trouvé une appétence pour un métier afin de poursuivre avec une formation qualifiante. Conscients des difficultés de mobilité, nous avons aussi créé une douzaine de places en internat. L’école peut accueillir 70 élèves en même temps, soit 100 sur une année civile. »

Allez plus loin

L’école de la 2e chance est un outil « complémentaire du RSMA où 1500 jeunes postulent et seulement 500 sont pris. Nous, on travaille sur les savoirs de base et la découverte des métiers, le RSMA va plus loin dans la formation à ces métiers. Quand on arrive dans l’école de la 2e chance on vient de loin et on ressort avec une base. Pas avec une qualification professionnelle mais avec les acquis nécessaires pour intégrer une formation. »

Autre différence avec le RSMA, pour intégrer l’école de la 2e chance, il n’y a pas de condition de casier judiciaire. « Les deux seuls critères sont la motivation et être en situation régulière » résume le directeur.

Reste que pour le préfet, il faudra aller beaucoup plus loin.

Coupure du ruban

« L’école de la 2e chance, c’est un merveilleux outil, mais qui ne suffira pas, il faudra aller bien au delà. Le public qui sera reçu ici est un public volontaire. Quid de tous ceux qui ne sont pas volontaires, ne savent pas que ce dispositif existe, ceux que même les associations de voient pas, c’est notre cible désormais. Tous ces jeunes jamais scolarisés, sans horizon dans leur vie. Nous cherchons à mettre en place un dispositif pour identifier ces jeunes et soutenir les associations qui feront en sorte que ces jeunes puissent s’en sortir. L’école de la 2e chance n’est qu’un début. »

Une prise de conscience saluée par la présidente de Mlezi Maoré, l’ancienne maire de Chirongui Roukia Ibrahima Lahadji.

« Il est important de bien s’occuper de ces jeunes », prévient-elle. « Sans quoi eux sauront bien s’occuper de nous. »

Y.D.

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