Mayotte terre d’expérimentation de gestion des énergies renouvelables avec le projet européen Horizon 2020 Maesha

L'utilisation de l’énergie photovoltaïque, encore timide à Mayotte, va s’accélérer avec l’arrivée des très attendues batteries de stockage. Et d’autres énergies renouvelables sont en vue. La gestion de la production va se complexifier pour EDM, qui a intégré un groupement au sein d’un projet européen de 11,8 millions d’euros, Horizon 2020 Maesha. Il a choisi Mayotte comme site de démonstration.

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La ferme photovoltaïque Sunzil hébergée par EDM à Longoni

« Smart grids », cet anglicisme ne vous dit probablement rien, mais il va s’installer peu à peu dans notre quotidien sous sa traduction de « réseau intelligent ». Dans un consortium de 21 partenaires, Electricité de Mayotte (EDM) participe à la modélisation de sa production d’électricité en fonction de notre consommation. Car celle-ci va évoluer, et pas dans un sens que EDM sait appréhender puisque les énergies renouvelables frappent à notre porte. Et pour l’y aider, un projet européen Horizon 2020 Maesha de prés de 12 millions d’euros est né, qui concerne 9 pays.

Miraïla Adam Madi, Chef de projet Smart grids chez EDM, nous décrypte le sujet : « Il s’agit de préparer le réseau électrique à recevoir des énergies renouvelables. Cela implique de trouver des solutions innovantes pour mieux gérer la production et la consommation d’électricité. » D’un côté, la production va évoluer en dotant l’île d’équipements photovoltaïques, « des panneaux chez les professionnels et les particuliers », de batteries pour stocker cette énergie volatile qui s’éteint avec le soleil, et sans doute du thermique si la précédente fait défaut. « Le réseau doit être plus flexible. Par exemple, en intégrant les prévisions météorologiques pour arbitrer au fur et à mesure l’énergie adéquate. »

Pas de doublons

Le contrôle de l’énergie photovoltaïque à l’instant T chez EDM nécessite une adaptation rapide en cas de chute

Cette nouvelle vision, EDM va pouvoir l’acquérir au sein du groupement de 21 entités où l’on retrouve l’Université Technique de Berlin, Tecsol ou Creara, mais aussi les collectivités de Saint-Barthélemy et Wallis et Futuna, et le consultant en recherche et innovation Euroquality, qui gère le montage et la gestion du projet. Les subventions européennes se montent à 9 millions d’euros sur les 12 millions d’euros de l’investissement, chacun des partenaires mettant la main à la poche sur le complément.

Mayotte a été choisie par les 21 comme terre d’expérimentation, d’où le nom Horizon 2020 Maesha, projet qui a démarré depuis le mois de novembre 2019, « et nous avons été lauréat en mars de ce projet Horizon 2020 de la commission européenne. » Un projet qui ne concerne pas les programmes de « l’Europe à Mayotte ».

Il a commencé par la collecte des données sur la production et la consommation d’électricité, « en rassemblant tous les projets actuels, dont certains sont portés par les communautés de communes de Mayotte. Ils ne doivent pas être redondants ». Les professionnels attendent aussi de savoir ce que la loi va décider pour Mayotte puisque les programmations pluriannuelles de l’énergie, les PPE, outils de pilotage de la politique énergétique, sont en cours de rédaction.

Dans deux ans, la machine est lancée

Le siège de EDM à Kawéni

Le projet s’étale sur 4 ans. Après la collecte des données, le système électrique de l’île sera modélisé, une sorte de tableau de bord, « et ainsi, dans un an, nous pourrons mettre en place les solutions adaptées. Dans deux ans, le matériel destiné à faire évoluer la production arrivera sur Mayotte, notamment les batteries de stockage. »

Pour la cadre, c’est une mini-révolution dans le domaine de l’énergie qui est en marche à Mayotte. Car si le projet annonce que nous pourrions faire décoller la proportion d’énergies renouvelables dans le mix énergétique de nos léthargiques 5% vers 70 % voire 100%, cela ne va pas se faire d’un claquement de doigt, comme nous l’explique Miraïla Adam Madi : « Jusqu’à présent, EDM regardait la production à l’instant ‘T’ en adaptant la production des centrales. Quand les batteries vont arriver, il faudra intégrer l’ensemble des modes de productions. Et du côté de la population, elle se retrouve au centre du projet. Nous allons récolter leurs besoins, en leur proposant en retour d’équiper leurs toits de panneaux, ou en acquérant un véhicule électrique », ces derniers pouvant aussi servir de système de stockage, nous glisse Romain Hamet, de Euroquality.

Il annonce des publications scientifiques sur cette expérimentation qui va enfin nous permettre de trouver une alternative conséquente aux centrales, grâce à une réflexion globale.

Anne Perzo-Lafond

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