Quasiment un mois après l’Ile-de-France, l’ARS Mayotte lance sa campagne de vaccination contre le virus du Covid-19. Et avec un symbole de taille, puisque c’est le docteur Martial Henry, médecin historique de l’île, le premier à embrasser cette profession, qui a inauguré une série que l’ARS espère longue. « Je suis un fervent défenseur du vaccin, je me dois de donner l’exemple. Je n’ai eu aucune hésitation », expliquait le médecin de 89 ans « dans 3 mois 90 ! », en tendant son bras à l’infirmier Saïd Abdillahi, qui n’en était pas moins ému. Lui emboitait le bras, le pharmacien Habib Charafoudine, et le chirurgien dentiste Jean-Yves Poisson.
Ce jour J, déjà reporté, a bien failli être de nouveau annulé avec un retard d’arrivée des vaccins à Mayotte. Transportés en avion militaire qui devait les acheminer dimanche, ils ne sont finalement arrivés que ce lundi, les médias ont donc eu la primeur de l’ouverture de la glacière et du début de décongélation des flacons. « Nous suivons ensuite un protocole strict en les mélangeant avec du sérum physiologique, pour obtenir 6 doses de vaccins », expliquait Dominique Voynet, directrice de l’ARS Mayotte qui supervisait les opérations.
Péremption dans 4 jours
Sont concernés par cette première journée de vaccination les soignants libéraux et hospitaliers et les sapeurs pompiers de plus de 50 ans, qu’ils présentent ou non des grosses pathologies associées. Ce mardi, ce sera le tour des personnes âgées dont la liste a été établie par les CCAS des communes, qui supervisent leur transport.
Ce sont 975 doses qui sont arrivées ce lundi, avec un nouvel arrivage en cours de semaine, indique l’ARS. La 2ème dose de vaccin sera administrée 6 semaines après, selon le nouveau protocole de la Haute Autorité de Santé afin d’élargir la couverture vaccinale aux personnes prioritaires. « Nous avons 5 jours pour utiliser les 975 doses de vaccin une fois décongelées, les prochaines seront stockées à -80°C dès leur arrivée, dans le congélateur que nous venons de recevoir », nous explique l’infectiologue du CHM Maxime Jean.
Comme en métropole, l’opération de vaccination commence à petite dose, mais devrait prendre une vitesse de croisière, d’autant que les cocos et baccocos (personnes âgées) de Mayotte sont proportionnellement moins nombreux qu’en métropole, ce qui devrait permettre de toucher l’ensemble des couches de la population plus rapidement.
L’ARS rappelle que le vaccin n’est pas obligatoire, qu’il est gratuit, et qu’il se fait « dans le strict respect de toutes les règles qui encadrent l’utilisation des produits de santé dans notre pays ».
Peu de soignants étaient présents ce lundi matin pour se faire vacciner dans une MJC de M’gombani transformée en Centre de vaccination, mais le bouche à oreille résultant de la médiatisation de ce 1er patient de choix devrait faire son office.
Anne Perzo-Lafond