Un habitat en dur en remplacement de l’insalubre : naissance d’un nouveau quartier à Koropa

Les annonces de destruction des quartiers insalubres s’enchainent, avec comme objectif, l’implantation de maisons en dur avec un minimum sanitaire. Dans la commune de Koungou, on détruit d’un côté et on reloge de l’autre.

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RHI, NPRU, Koungou, Mayotte
Peu à peu, un quartier coloré sort de terre

« C’est un chantier expérimental de Rénovation de l’Habitat Insalubre qui va nous permettre de reloger 30 familles sur le site ». Ousseni Mohamad, Chargé de Gestion Urbaine de proximité à la mairie de Koungou nous fait visiter un futur quartier, né sur celui qui se dénommait Soweto, évocateur de sa physionomie.

Depuis que les opérations urbaines ont commencé à concerner Mayotte, peu à peu, le paysage change. C’est très lent, à l’image de l’opération de M’gombani-Mamoudzou qui de retard en report de tranches, a vu finalement un nouveau quartier sortir de terre en 2016. Depuis, c’est Kawéni, la Vigie et Majicavo Koropa qui bénéficient du NPRU, Nouveau Programme de Rénovation Urbaine.

Une alliance métal et brique, avec un escalier intérieur, contrairement à Tsoundzou

Kahani, Dembéni, Dzoumogne, et ce lundi, Jamaïque à Koungou… Les opérations de destructions de quartiers insalubres se suivent, ordonnées par la préfecture, certaines dans le cadre de la loi ELAN (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique), d’autres sur décision judiciaire.

En haut de la rue du Commerce à Majikavo Dubaï, sur la droite, une zone de 40 cases en tôles, avec autant de familles vivant dans l’insalubrité. Elles ont toutes été démolies, « et les familles ont reçu une proposition de relogement momentané, parfois un peu loin de leur lieu de vie, les incitant à être hébergées chez de la famille. Ceux qui étaient en situation irrégulière ont été éloignés. »

« On a déplacé et aggravé le problème »

En lieu et place de leur ancien habitat de tôles, se dressent des maisons en dur, « un peu sur le modèle du village relais de Tsoundzou ». Certaines sont bientôt terminées, d’autres sont encours, et ce seront 30 familles qui seront relogées dans des conditions plus dignes, avec eau courante, électricité, et avec un service de ramassage des déchets, en contrepartie d’une participation financière. Des modalités sur lesquelles travaille la mairie.

Des bâtisses avec un étage, et dont la surface ne colle pas toujours à la réalité des familles souvent très nombreuses, « mais en terme de confort, de propreté et de salubrité, on a fait un grand pas », explique l’agent de la mairie.

On met les bouchées doubles sur le chantier

L’architecte historique de Mayotte, Attila Cheyssial, a été retenu pour cette opération à mener sans prendre de retard, sur un terrain du conseil départemental : « Après la destruction des cases sur le terrain Batrolo à Kawéni, les gens se sont déplacés ailleurs, dont à Koungou, en construisant sur des parcelles plus grandes. Donc on a fait que déplacer et aggraver le problème. Quand on mène une telle opération, il faut anticiper, et trouver des solutions de relogement rapidement », souligne encore Ousseni Mohamad.

Un chantier qui permet d’intégrer les clauses d’insertion chères à Djamil Abdallah, Chargé de mission insertion à la mairie de Koungou. Grâce au Plan Local d’Application de la Charte d’insertion (PLACI), des jeunes du quartier de Majicavo Koropa bénéficient de formation et de mise en pratique lors de la passation des marchés : « Nous avons mis des clauses sociales d’insertion sur le terrassement avec l’entreprise MAMI, pour le reste, comme il fallait reconstruire en urgence, l’insertion a bénéficié au RSMA. »

Les premières maisons en sont au stade de la finition et devraient bientôt pouvoir accueillir les premières familles.

Anne Perzo-Lafond

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