Zena Airlines, un projet « bien avancé » qui reste à consolider estime le Cesem

Le conseil économique social et environnemental de Mayotte trouve le projet de compagnie mahoraise "bien avancé", mais ce dernier, d'un coût de 25 millions d'euros, a besoin de l'aide du Département voire d'une levée de fonds, pour éviter d'avoir recours à des investissements étrangers.

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CESEM, Mayotte
Abdou Dahalani, président du CESEM

« Zena Airlines est annoncée comme la solution mahoraise à la cherté du transport aérien au départ ou à destination du territoire. Mercredi 30 juin 2021, le Bureau du Césem a reçu dans ses locaux M. Julien Novou, porteur du projet de création de la compagnie aérienne mahoraise, Zena Airlines.

Cette réunion d’échanges était d’autant plus justifiée que la 2ème Assemblée départementale représentant la société civile organisée a inscrit le désenclavement de Mayotte au nombre de ses thématiques prioritaires depuis l’organisation du débat public sur l’allongement de la piste de l’aéroport de Pamandzi en 2011.

De plus en plus de personnes et de familles se déplacent à La Réunion et/ou en Métropole pour divers motifs : meilleurs soins (saturation du système sanitaire local), formations initiale et continue, affaires, tourisme, etc. Le monopole historique d’Air Austral sur les destinations Réunion et Métropole fait l’objet depuis décembre dernier d’un début de concurrence. C’est ainsi que le Césem s’est félicité du retour de Corsair Fly.

Initiée en 2019, la compagnie Zena Airlines épouse l’impulsion du Conseil Départemental – qui voulait une solution alternative à l’arrêt des vols Corsair – un projet devenu aujourd’hui une cause territoriale. A l’exception de toutes les autres initiatives, Zena Airlines conserve la particularité d’être porté par des Mahorais, acteurs du transport aérien, et disposant de solides expériences sur le transport aérien y compris localement.

Un projet bien avancé sur le plan administratif et technique…

Le Césem se félicite de cet ambitieux projet, d’intérêt hautement symbolique, qui a bien avancé maintenant dans sa phase pré-opérationnelle (business plan, certification, statuts) et qui participera sans doute non seulement au désenclavement de l’île en offrant à la population plusieurs options pour voyager à partir du 1er trimestre 2022 et à des tarifs plus attractifs (jusqu’à 30% moins chers que ceux de la concurrence), mais il contribuera également au développement du tourisme local.

Si, pour sa première année d’exploitation, Zéna Airlines déploiera ses ailes exclusivement vers deux destinations, La Réunion (l’aéroport de Pierrefonds à Saint-Pierre et Roland Garros à Sainte Clothilde) et la France continentale (Orly et Marseille), l’ouverture à l’international est envisagée dès la 2ème année, notamment vers Madagascar et les Comores.

La compagnie sera également positionnée pour l’ouverture du marché gazier au nord du Mozambique. Mais au préalable, la société aura formé son personnel navigant et commercial.

La considération des attentes de la population de Mayotte est également au cœur de la stratégie de la compagnie avec la mise en œuvre de vols spéciaux pour le pèlerinage vers la Mecque. Le Césem se réjouit que les porteurs du projet adoptent une démarche en faveur de l’environnement en prévoyant de mesures pro-environnementales dans les cahiers des charges de l’ensemble des prestataires qui travailleront avec la compagnie.

Enfin, l’étude sur les opportunités de développement de la desserte aérienne à Mayotte commanditée auprès d’Airbus Consulting permet d’inscrire le projet dans une dimension économique et sociale parfaitement maîtrisée, tenant compte des contraintes techniques et de l’existence d’une concurrence sur les destinations envisagées.

…mais qui a encore besoin de consolidation sur le plan financier

D’un coût global de 25 M€, le plan de financement du projet n’est pas encore bouclé. Les représentants de Zéna Airlines attendent du Département sa contribution à plus d’un titre : 1° une subvention d’investissement, 2° une prise de participation au capital social de la compagnie et enfin 3° de servir de caution à la compagnie pour l’acquisition de ses avions. A défaut de caution du Conseil Départemental, les porteurs feront appel à des fonds d’investissement étrangers notamment.

Parce que les Mahorais réclament depuis longtemps une compagnie aérienne locale à laquelle ils puissent s’identifier, ils sont prêts à participer au financement de la compagnie en création par une levée de fonds. Il est d’une importance capitale que tant le Département que la population mahoraise se mobilisent pour que cet outil qui ferait leur fierté voit effectivement le jour et qu’il soit entre les mains des acteurs locaux au niveau de la sphère décisionnelle. Il en va de l’indépendance de la compagnie.

Zena Airlines, Mayotte, Air Austral, La Réunion
Un comité d’accueil organisé par le Collectif à la mairie de Mamoudzou (archive)

Au-delà de l’enjeu d’indépendance de cet outil économique, il ne faudrait pas perdre de vue l’objectif ultime poursuivi qui demeure l’élargissement de l’offre de services de transport aérien à la population. Autrement dit, l’ouverture à la concurrence du ciel mahorais, synonyme de baisse des prix des billets d’avion et donc de davantage de mobilité pour les Mahorais pour découvrir le monde.

A l’heure où la DGAC, après avoir désigné un Délégué en charge du suivi du projet d’allongement de la piste de l’aéroport de Pamandzi, annonce le démarrage des travaux proprement dits de l’ouvrage en 2023, le Césem sait compter sur la vigilance de tout un chacun pour atteindre ensemble cet objectif vital pour l’ouverture du ciel mahorais.

Abdou S. DAHALANI Président du CESE Mayotte »

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