Comores : une pénurie de gasoil conduit à des délestages

La Société comorienne des hydrocarbures (SCH) a annoncé une rupture de stock, évoquant un problème météorologique à l’origine du retard pris par le pétrolier initialement attendu à Moroni le 25 juillet. Des coupures d’électricité rythment les journées depuis une semaine. De nombreux automobilistes sont contraints de parquer leurs véhicules en attendant l’arrivée du carburant.

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Les citernes de stockage se vident. Ici le dépôt d’hydrocarbures d’Anjouan

Une pénurie de gasoil a plongé les Comores dans d’interminables coupures d’électricité sur l’ensemble des îles. La Société comorienne des hydrocarbures (SCH) a réduit de moitié ses livraisons aux usagers. La Direction générale consacre une bonne partie de ses dernières réserves à la Société nationale d’électricité des Comores (Sonelec).

Mais les quantités livrées (45.000 litres) sont insuffisantes pour permettre à la société d’électricité (qui a besoin de 70.000 litres par jour pour faire rouler ses générateurs) d’assurer une fourniture régulière de l’électricité. « Compte tenu de la situation actuelle, nous ne sommes pas en mesure de fournir les 70.000 litres nécessaires à la Sonelec », a souligné le patron de la Société comorienne des hydrocarbures (SCH), Oumara Mgomri.

Conséquence : le pays a renoué avec les délestages. La situation devient de plus en plus intenable dans les régions reculées du pays. À Moroni, les habitants sont soumis à un régime de délestages qui peut durer 5 heures de temps voire même plus dans certaines zones. Les activités tournent au ralenti. Certains se servent de leurs propres groupes électrogènes pour maintenir leurs activités durant la journée. Le courant est seulement maintenu à entre 17h à 2h du matin dans certains quartiers.

Le transport en commun fortement perturbé

La situation se complique encore davantage au niveau de la circulation. Le transport en commun est fortement perturbé. Les automobilistes sont contraints de parquer leurs véhicules en attendant l’arrivée du fuel. Dans la capitale, de nombreux taximen ont cessé leurs activités. Seuls les véhicules à moteurs à essence roulent sans difficultés dans les rues de Moroni. Essence, pétrole lampant, et kérosène sont en effet en quantité suffisante, d’après les responsables de la société.

Des files d’attente devant les stations, à Moroni

Le pétrolier attendu le 25 juillet dernier devrait transporter 16.200 tonnes. Mais, selon la direction de la société, un problème météorologique a retardé le départ du bateau qui transporte les produits pétroliers. Le pétrolier est finalement attendu ce jeudi 5 août. Les Comores achètent leur fuel en Arabie Saoudite à travers un système de revolving qui ne devrait pas engendrer, en principe, de retards de livraisons. La Banque islamique de développement (BID) achète et livre, depuis 2014, le fuel en attendant que la société comorienne engage les opérations de paiement.

Des capacités de stockage limitées dans l’archipel

Les pénuries d’hydrocarbures avaient pris fin depuis 2014, date à laquelle le pays avait mis en place un système de préachat garanti par la BID pour parer à toute déconvenue dans la procédure d’acquisition des produits pétroliers. La consommation a presque triplé ces trois dernières années en raison de la forte demande des sociétés de travaux publics mobilisées pour exécuter des chantiers d’infrastructures routières. À cela s’ajoute la reprise quasi-régulière de la consommation de la société d’électricité après la mise en en marche, ces quatre derniers mois, de ses groupes électrogènes qui étaient à l’arrêt pendant des mois.

Mais les capacités de stockage expliquent en gros cette incapacité à éviter la pénurie de produits pétroliers dans l’archipel. Le principal dépôt se trouve à Ndzuani (Anjouan). Un projet de construction d’un nouveau dépôt de stockage de 3000 m3 est en cours à Moroni pour un montant de près de 2 millions d’euros. « Nous allons démarrer les travaux très prochainement », annonce Oumara Mgomri. Malgré les difficultés actuelles d’approvisionnement du gasoil, le pays est loin de vivre une grande pénurie comme celle de 2008 qui avait paralysé l’économie et mis les Comores à l’arrêt pendant plus de 50 jours.

A.S.Kemba, Moroni (Correspondance)

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