Les acteurs de l’éducation inaugurent une Cité Educative à Dzoumogne

Il y en a 126 sur le territoire national, dont deux à Mayotte. La Cité éducative ambitionne de réduire les inégalités de destin, un chantier considérable sur le territoire. Dzoumogne va en bénéficier, il va falloir la doter de compétences.

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Cité éducative, Politique de la ville, Mayotte
Gilles Halbout, Bel Kacem Bakhta (le principal), Fahardine Ahamada et Thierry Suquet, donnaient corps à la Cité éducative

« Ce qui m’a accroché quand vous avez parlé du projet, c’est le terme ‘éducative’. Or, nous avons beaucoup de décrochage scolaire et d’insécurité à Dzoumogné », rapporte le maire de Bandraboua, Fahardine Ahamada, qui incite à « construire des écoles ici, nous n’avons pas de problèmes de terrain ». Dans un département où le problème éducatif doit être pris en partant de la parentalité jusqu’à l’école, la Cité Educative va mettre en contact tous les acteurs qui gravitent autour de l’enfant, « depuis quelques mois après sa naissance, jusqu’à son insertion », reprenait le recteur Gilles Halbout. Ce label de « Cité éducative » est un dispositif de la Politique de la Ville de l’Etat (ministère de la Cohésion des territoires).

Il saluait l’action du maire, « nous avons pu scolariser tous les élèves inscrits dans la commune », et détaillait les apports de la Cité éducative : « Elle va tout d’abord permettre de coordonner tous les dispositifs existants, notamment un grand nombre d’associations. ».

Les partenaires, institutionnels, associatifs, parents, assistaient à la signature

C’est à Kawéni qu’a été labellisée la 1ère Cité Éducative sur les deux listées pour le territoire. Nous avons interrogé ses responsables pour en connaître les atouts : « Cela nous a permis de travailler avec les partenaires extérieurs à l’Education nationale, dont les associations, ce qui leur a permis à elles, de se structurer et de proposer des projets viables. Nous avons porté avec ces associations des projets culturels pour les jeunes, notamment du théâtre, et les petits déjeuner pour les écoles T6 et T9, mais aussi pour le lycée des Lumières », nous explique Colette Cabort, Inspectrice de l’Education nationale secteur Mamoudzou Nord. On sent bien que tous les outils n’ont pas encore été déployés, le dispositif « devoirs faits » a été mis en place, « cela permet d’accompagner les primaires, les collégiens et lycéens dans leur travail personnel, et de leur proposer une initiation aux échecs et à l’informatique. » L’avancée première, c’est le « toilettage du mille-feuille » d’associations qui bossaient en parallèle sur un même public, mais sans aucun lien. Le programme de rénovation urbaine (ANRU) de Kawéni a entrainé dans son sillage tout un réseau de compétences qui sert de tremplin à un tel programme de Cité éducative.

« Chacun doit être fier de son parcours »

Pas d’ANRU à Dzoumogne où la cité Educative ressemble à une coquille vide qu’il va falloir remplir, il va falloir en prouver la pertinence, rapporte d’ailleurs Gilles Halbout : « Nous avons fait le pari d’ouvrir cette page blanche de coordination des acteurs, notamment avec les parents. Le dispositif est triple. Social tout d’abord, avec un petit déjeuner déjà offert à 2.067 élèves du primaire, et le lancement de la labellisation d’école de développement durable. Numérique ensuite, avec le plan décliné ici apportant 200.000 euros pour lesquels vous avez des visées ambitieuses, et l’ouverture aux autres enfin, avec l’éveil aux langues et le jumelage avec d’autres territoires de l’océan Indien. »

Le collège Bakari Kusu à Dzoumogne

Le lancement devait se faire en présence de la Secrétaire d’Etat à l’Education prioritaire, qui a décliné face à une épidémie annoncée comme grandissante, mais c’est malgré tout en grande pompe ce vendredi, que Dzoumogne accueillait sa Cité Educative, co-portée par le préfet, le recteur et le maire, au collège Bakari Kusu. Le territoire n’est pas en REP+ (Réseau d’éducation prioritaire), mais ce sera tout comme en passant par le biais de l’accompagnement académique spécifique.

La Cité Educative est conçue pour résorber les inégalités de destin, comme le chantait Le Forestier, « On choisit pas non plus les trottoirs de Manille, de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher ». Le préfet Thierry Suquet mettait l’accent sur les deux axes de cette ambition : « La réussite éducative tout d’abord, qui commence à Mayotte par l’enjeu de la scolarisation pour tous, mais aussi encourager la progression, chacun doit être fier de son parcours. Et l’égalité des chances, pour laquelle il faut mettre en place des actions. Des lycées doivent sortir des pêcheurs, des cuisiniers, autant que des avocats, des médecins ou des officiers de gendarmerie. Il faut permettre aux enfants d’être tiré vers le haut. Un travail à mener avec les parents et les acteurs sociaux-éducatifs. »

Anne Perzo-Lafond

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