Suspension du transport scolaire : pour qu’elle porte ses fruits, tout doit être exploré

« La situation était devenue intenable ». Salime Mdere, 1er vice-président du CD a présidé deux réunions ce lundi avec les chauffeurs en droit de retrait, puis avec les transporteurs, où n’était pas conviée la préfecture. Mais pour trouver des solutions, il ne faut éluder aucune des causes des violences.

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Transport scolaire, Mayotte
En 2018, la grogne des transporteurs avait initié le mouvement social

« De nouveaux caillassages ont eu lieu ce lundi, nous voulions faire le point avec les professionnels avant de remonter les doléances à la préfecture. Il en ressort que les transporteurs demandent une compensation financière des dommages sur des bus que les assurances ne veulent plus prendre en charge. D’autre part, le remplacement des vitres brisées demande un à deux mois de délais, immobilisant des bus qui ne peuvent effectuer le ramassage. Le conseil départemental va voter des aides lors de la prochaine séance plénière, mais l’Etat impliqué dans sa compétence régalienne de la sécurité, doit aussi participer », nous rapporte Salime Mdere, 1er vice-président du Département, qui a présidé les deux réunions ce lundi, avant de prendre la décision de suspendre le ramassage ce mardi. Mais ce n’est pas tout.

Bien sûr, l’attente porte aussi sur la sécurisation du réseau : « Des enfants qui hurlent dans le bus, c’est intenable. La préfecture doit déployer les forces de l’ordre sur le territoire ». Revient alors la demande d’impliquer les militaires du DLEM (Légion étrangère), pour laquelle les gouvernements successifs ont toujours répondu que ce n’était pas leur rôle. une réponse institutionnelle mais qui défie la logique dans un contexte où on demande d’innover. Leur mission telle qu’elle est rédigée, est « d’affirmer la souveraineté de la France à Mayotte et d’en assurer la défense tout en garantissant une aptitude à un engagement opérationnel de crise ». Ça colle hélas.

Les médiateurs seront renforcés

« Ils n’osent plus contrôler les cartes d’abonnement »

Salime Mdere nous le répète à plusieurs reprises, « nous avons hésité avant de suspendre le ramassage ce mardi, nous ne voulons pas pénaliser les élèves », mais la pression pour une plus grande sécurisation a été la plus forte. Mais attention à répondre à toutes les facettes du problème. Nous avions rapporté les propos d’un des chauffeurs agressé vendredi dernier, et ceux du secrétaire départemental de FO Transports, la bascule vers les violences vient au départ de jeunes scolaires qui manifestent violemment leur colère face à un retard de bus, vite rejoints par des délinquants qui veulent en découdre avec tout ce qui est institutionnalisé. Après un court silence, l’élu nous explique qu’un travail avec les associations et la mairie va être initié. Il ne faut pas oublier les parents. Un acteur avait aussi évoqué le découpage de la carte des transports.

Le conseil départemental a pris des mesures supplémentaires, avec « la sécurisation des abribus, notamment par une quinzaine de médiateurs supplémentaires. Cela va alourdir notre masse salariale, même si ça n’est pas grand chose à l’échelle du territoire, c’est nécessaire car ceux qui sont en place n’osent plus contrôler les cartes d’abonnement. » On les comprend. Les médiateurs doivent pouvoir travailler dans un climat serein, avec des élèves qui coopèrent.

Des mesures qui reviennent en boucle chaque année, et qui n’empêche pas la situation de se dégrader. La suspension du ramassage si elle relève de la réaction épidermique aux violences, ne suffit plus à obtenir des réponses à la hauteur des enjeux qui sont à la fois sociétaux, et sécuritaire, comme on l’a vu plus haut, et comme c’est relaté à Combani.

Sur le volet régalien, il s’agit de surveiller prioritairement les tronçons à risque, ils ne sont pas si nombreux que cela. L’absence de force de l’ordre sur ces zones crée ce que nous pouvons appeler des « heures de non droit ». C’est le cas tard le soir, quand les habitants eux-mêmes n’osent plus circuler. « J’ai invité des amis à midi, parce que le soir, ça devient trop dangereux », nous explique une habitante de Trévani. L’activité économique est suspendue, sanitaire aussi puisque les soignants n’osent plus s’aventurer en dépit de leurs obligations professionnelles, et scolaire donc avec cet arrêt annoncé pour la seule journée de mardi, au cours de laquelle des réunions sont prévues.

Anne Perzo-Lafond

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