En crise depuis quelques années de caillassage, les chefs d’entreprises de transport scolaire sont pris dans un dilemme : remettre les bus en circulation, c’est prendre le risque de nouvelles dégradations impossibles à supporter financièrement, et les laisser au garage, c’est priver les élèves de cours, et leurs entreprises de recettes.
Carla Baltus, présidente du Medef et à la tête de Carla Mayotte Transports Baltus, se fait l’expression de ses collègues dont les bus ne circulent pas à la suite du droit de retrait des conducteurs, qui doit être suivi d’une grève le 5 octobre… soit 6 jours avant les vacances. Autant dire que les élèves seraient privés de plus de deux semaines de cours si c’était le cas. « Je comprends la réticence des chauffeurs de bus, puisque depuis la rentrée scolaire le 24 août jusqu’au 30 septembre, 50 autocars se sont faits caillasser », ce qui, rapporté au nombre de jours ouvrables, fait entre 1 à 2 bus par jour dégradés. « Combien d’enfants blessés et traumatisés par ces caillassages ? », interroge la chef d’entreprise.
D’autre part, les assurances ferment les vannes : « Nous avons des plafonds de dégâts en plus des franchises. Moi par exemple, j’ai 5.000 euros de plafond, et 1.000 euros de franchise. Sur un dommage de 20.000 euros sur mes bus, je vais avoir 16.000 euros à ma charge. »
« Nous demandons la protection du gouvernement »
Surtout que les immobilisations dues au période de confinement n’ont pas toutes été indemnisée par le conseil départemental qui a la compétence des transports scolaires : « Nous avons été payés pour le confinement de 2020 sur la partie fixe du contrat, pas au kilomètre, car nous n’avons pas roulé. Mais pas sur celui de février-mars 2021. Or, la somme a été budgétisée en début d’année. Pour ne citer que la Guyane où j’ai également une entreprise, le Département nous a payé 100% ». Précisons que la Guyane, bien que collectivité unique comme Mayotte, a les compétences et les compensations d’une région, contrairement à Mayotte.
Entre contraintes des assurances et absence de recettes… les charges deviennent trop importantes pour certaines entreprises, « Matis ou moi, on peut tenir, mais pour les petits transporteurs, c’est la mort programmée », estime Carla Baltus qui espère la reprise du ramassage tout en appelant à davantage sécuriser : « Nous condamnons les actes de violences répétés dans toute l’île et particulièrement les caillassages à Majicavo, Dzoumogné, Koungou, Combani et Kahani. Brûler la mairie de Koungou est l’acte de trop et nous demandons la protection immédiate et pérenne du gouvernement ».
Et de conclure : « Croyez-vous normal qu’un conducteur n’ait pas d’autre solution pour assurer sa sécurité que celle de porter un casque de moto au volant de son car ? »
A.P-L.