L’Agence Régionale de Santé (ARS) a annoncé la semaine dernière que la situation « stabilisée » de l’épidémie à Mayotte ne nécessitait plus un décompte quotidien du nombre de cas. Mais la situation nationale et les risques d’une reprise à la moindre relâche des gestes barrière incite toujours à une grande prudence.
« En métropole, il semblerait que le rebond soit là », rapportait Dominique Voynet ce vendredi, après sa réunion en visio avec les ARS nationales. Et pas seulement en lien avec une politique de dépistage qui dépasse enfin les 600.000 tests hebdomadaires, l’objectif affiché par le président de la République étant les 700.000. Puisque le taux de positivité (nombre de positifs sur les effectifs testés) dépasse les 3% en métropole.
A Mayotte, la directrice de l’ARS espère toujours refaire passer le territoire en vert. C’est que les indicateurs la semaine dernière étaient encore bons. « Le taux d’incidence est de 28 testés positifs pour 100.000 habitants sur les 7 derniers jours, semblable à a métropole. Mais il était à Mayotte à 13 il y a 15 jours. » Il était vendredi soir à 31. Pour repasser au vert, il ne doit pas dépasser 10.
Contenir les foyers par le dépistage
Les autres indicateurs sont bons : « Le R de reproduction de la maladie est inférieur à 1 et nous ne sommes pas en tension sur les hospitalisations et les réanimations ». Sur ce sujet, Dominique Voynet rappelait qu’évasaner ne signifiait pas éluder le problème, « lorsque des transferts se font depuis Lons-le-Saunier, vers l’hôpital proche, nous ne parlons pas d’évasans. C’est pareil ici, nous ne faisons que transférer au CHU de référence qu’est La Réunion. »
La remontée des chiffres est liée à deux foyers identifiés, « le cluster des maires qui s’est propagé lors de l’élection au Syndicat des Eaux, et un autre en Petite Terre. »
La marge d’amélioration n’est plus liée à l’approvisionnement en réactifs, explique-t-elle, « nous sommes en capacité de procéder à 400 tests par jour », mais dans la volonté des habitants. Le biais du voyage en avion avec test imposé par Air Austral s’adresse à une clientèle aisée, « ici, nous nous déplaçons au besoin, c’est ce que nous avons fait dans une entreprise qui avait été touchée. Mais peu de gens se sont fait dépister. » On assiste encore à des réticences à expliquer à l’entourage sa positivité au Covid : « Dans le nord, après la détection d’un cas, nous avons délivré 40 ordonnances. Seuls 4 personnes se sont fait tester. Or, il faut casser les chaines de transmission. » Elle invite les élus touchés par le Covid à le déclarer publiquement comme l’avait fait Mansour Kamardine.
L’enjeu du 7ème jour
Pour parvenir au vert, et étant donné les craintes de contamination lors des voyages en avion, il faut continuer à tester. Il est conseillé aux personnes revenant de métropole de retourner se faire tester le 7ème jour après leur retour, « le rectorat le demande aux enseignants concernés. » Mais tous les voyageurs sont invités à adopter cette stratégie. Dans un courrier adressé au préfet, l’ancien président du CD Daniel Zaïdani demande même de rendre ce dépistage du 7ème jour obligatoire, et de contraindre « les passagers en provenance de La Réunion de présenter à l’enregistrement un test Covid-19 négatif effectué 72h avant le décollage pour Mayotte. »
Depuis le 21 juillet, les procédures ont été facilitées, « il suffit de se présenter aux deux laboratoires ou aux centres de référence*, le test est gratuit et sans ordonnance ».
Sur un département toujours classé en urgence sanitaire jusqu’au 31 octobre, il est recommandé de ne « pas baisser la garde ».
Anne Perzo-Lafond
* Mramadoudou, Dzoumogne, Kahani et Dzaoudzi