REVUE DE PRESSE. Même Al Watwan est obligé d’en convenir: l’ONU et l’Union africaine (UA) ne parlent pas vraiment d’une même voix. Le journal, proche du pouvoir comorien, explique que les deux organisations internationales n’observent pas de la même façon les vives tensions après la contestation des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle dans le pays.
«Deux communiqués, deux tons différents», titre sobrement le journal. Si l’UA s’était félicité du «bon déroulement» du scrutin, à New York, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, s’est dit en revanche préoccupé. L’ONU suit «avec préoccupation les développements» de la situation aux Comores. Le journal indique qu’«il appelle ainsi toutes les parties (…) à s’abstenir de tout recours à la violence» et «à respecter les règles établies».
Moroni, ville morte
La presse internationale commence à suivre le processus démocratique comorien, jusqu’alors présenté comme un modèle en Afrique et qui bascule vers une situation malheureusement bien trop classique sur le continent. «La voix de l’Amérique» (Voice of America) fait partie de ces très nombreux médias qui reprennent les dépêches des agences de presse.
On apprend ainsi que «l’opération ville morte est moyennement suivie» depuis hier. Lancée par les 19 candidats qui dénoncent des «fraudes massives», cette action est censée durer 2 jours.
Même si le succès est mitigé, à Moroni pour autant, «les deux marchés de la capitale n’avaient pas leur affluence habituelle et la circulation était assez fluide», alors que la capitale comorienne est régulièrement embouteillée.
«Les établissements scolaires publics et privés ont déconseillé à leurs élèves de se rendre à l’école. Les administrations publiques et banques fonctionnaient, et la plupart des commerces avaient ouvert leurs portes, tandis que les forces de l’ordre se montraient discrètes», racontent nos confrères.
«Il n’y aura pas de second tour le 10 avril avant que les bulletins ne soient recomptés», a prévenu Ibrahima Hissani, porte-parole des protestataires.
Loin du concert de protestations, «deux candidats, Me Saïd Larifou du parti Ridja, et l’ancien président de l’Assemblée fédérale Bourhane Hamidou, arrivés respectivement en 5e et 6e positions, ont pour leur part estimé que le scrutin s’était déroulé normalement», précisent nos confrères.
Le rôle des observateurs africains
En Tunisie, c’est le site «Leaders» qui a suivi le travail de Moncef Marzouki, en observateur de l’UA pour les présidentielles aux Comores. «Malgré ses efforts reconnus par la quasi-totalité des 25 candidats au premier tour (…), le Dr Moncef Marzouji, mandaté par l’Union africaine, n’a pu éviter une vive vague de contestation des résultats proclamés», explique le média.
On y apprend ainsi que «la mission d’observation de l’Union Africaine, forte de 35 membres» a «dépassé le cadre habituel d’observation technique pour jouer un rôle de facilitateur entre les différentes parties».
C’est par exemple Moncef Mazouji qui aurait «réussi à convaincre le gouvernement d’accepter les conditions posées par la majorité des candidats» comme «annuler l’utilisation des procurations (suite aux informations sur la circulation dans le pays de milliers de procurations achetées par certains candidats) et annuler les restrictions sur la présence des assesseurs dans les bureaux de vote».
Le média raconte également que «le jour de la proclamation des résultats, l’UA a appris de sources locales que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) (subissait) des pressions énormes de part et d’autre ce qui a causé un retard de l’annonce des résultats plusieurs heures». L’intervention du Dr Marzouki «pour encourager les responsables de cette instance et les rassurer en leur rappelant les principes de la charte africaine sur la transparence des élections» aurait permis de débloquer la situation.
Très loin 2nd tour
La délégation de l’UA devrait à nouveau être présente pour le second tour… mais à l’heure actuelle, le scrutin du 10 avril paraît encore très loin.
Pour mémoire, le candidat du pouvoir, Mohamed Ali Soilihi, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle le 21 février, avec 17,61%, suivi par le gouverneur de l’île de la Grande-Comore Mouigni Baraka qui a obtenu 15,09%, et de l’ancien président, le colonel Azali Assoumani avec 14,96%. Les trois sont qualifiés pour le second tour.
Arrivé en 4e position avec 14,45% et éliminé, Fahmi Saïd Ibrahim, candidat du Juwa, a été le premier à crier à la fraude, déclarant que « le pouvoir a tout fait pour l’exclure du trio de tête ».
RR
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