Ceux qui n’ont pas connu les pulvérisations annuelles de l’ARS qui s’appelait alors la DASS, sont chanceux : il fallait alors calfeutrer les maisons, recouvrir les meubles extérieurs pour que les hommes cagoulés de blanc puissent inonder votre espace de vie de d’insecticide.
Une époque pas si révolue que ça, explique Mohamadi Ali Mdjassiri : « Ici à Bouyouni, nous sommes dans une zone encore impaludée. Il y a eu plus d’une dizaine de cas l’année dernière sur Mamazozo, à la campagne. Dans ce cas, nous traitons à la Deltaméthrine, et non plus au DDT, à l’intérieur de la maison. En revanche, lorsqu’il s’agit d’arbovirose, c’est à dire de virus transmis par le moustique, comme le chikungunya, la dengue ou la fièvre de la vallée du Rift, nous traitons les 50 m à l’extérieur de l’habitation. »
Equipes de nuit et de jour
Amis touristes, vous n’allez pas vous embêter : il y a plus d’une cinquantaine d’espèces de moustiques à Mayotte, et souriez… vous êtes cernés. Chacun sa spécialité : il y a les fêtards, comme l’Anophèle, c’est lui qui transmet le palu : « C’est un moustique nocturne qui agit un peu avant 20h et jusqu’à 2 heures du matin. Ensuite, il fait un break, et vers 5-6 heures, recommence à piquer », rapporte Ismaël Nahouda. Tandis que son collègue de jour, l’Aèdes, est encore plus terrible, puisqu’il signe la transmission des dengue, chik, et autres virus.
Ces fanatiques du moustique vont jusqu’à l’élever : « Nous avons un pondoir pour nos moustiques que nous nourrissons ». Les CM1 de l’école élémentaire de Bouyouni ont les yeux collés au microscope qui révèle ces petites formes noires oblongues que sont les œufs : « Les enfants, ne croyez pas qu’ils sont morts parce qu’ils sont sur une feuille, ils peuvent rester 2 ans comme ça, et à la moindre goutte d’eau, éclore »… Carrément un film d’horreur leur histoire !
Deux jours pour choisir sa victime
Ces agents de l’ARS font la tournée des écoles sous l’égide du responsable du Service de lutte anti-vectorielle Patrick Rabarison. Ils sont conscients que la seule information dispensée aux enfants ne suffit pas, « nous avons des équipes mobiles qui font du porte à porte selon un planning précis pour sensibiliser la population dans les villages. » Surtout qu’à Bouyouni, la zone impaludée peut vite s’étendre : « Après avoir piqué quelqu’un de malade, le moustique a deux jours pour transmettre la maladie par une autre piqûre. »
D’où l’information sans cesse rappelée aux enfants d’éliminer les gîtes susceptibles de contenir des eaux stagnantes. Mais, foi d’ARS, les moustiques n’auront pas le dernier mot : des prédateurs sont lâchés dans la nature. « Partout où l’on peut dans les rivières, les bassins, les mosquées, nous implantons des micro-poissons, des Goupy, mangeurs de larves. »
Vous savez ce qu’il vous reste à faire : aller sur adopte-un-poisson.com, et vous lancer dans l’aquaculture !
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com