Les moustiques de Mayotte n’ont jamais véhiculé aussi peu de maladies. Cette année, selon nos informations, les cas de dengue se comptent sur les doigts de la main et le paludisme est en voie d’élimination.
Et pendant ce temps, que font les moustiques ? Ce pourrait la question de cette fin de mois de mars. Alors que la saison des pluies touche à sa fin, les nouvelles sont particulièrement bonnes sur le front des maladies qu’ils véhiculent.
Selon les données que s’est procuré le Journal de Mayotte, notre département semble véritablement entré dans une phase d’élimination du paludisme. Seuls deux cas importés ont été diagnostiqués depuis le début 2015 dans notre département. Un est en provenance de Madagascar, le second du Cameroun. Aucun cas «autochtone» n’a été repéré.
On arrive donc au bout d’un long travail mené par les autorités sanitaires. S’il faut attendre de nombreuses années avant de parler d’éradication, les chiffres sont clairs, avec une baisse significative observée depuis plus de 10 ans. En 2004, on recensait 743 cas, 436 en 2010, 80 en 2013 et seulement 15 en 2014.
Il semble que les différentes campagnes de lutte contre la transmission de la maladie à Mayotte ont été efficaces, avec notamment la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide. Chez nos voisins aussi, les chiffres baissent sensiblement avec d’autres stratégies, comme des traitements médicamenteux de masse. Résultat, le paludisme connaît un reflux historique dans notre région.
Quatre cas de dengue
Les moustiques avaient également ouvert un autre front l’an dernier. A la même époque, l’Agence régionale de Santé mobilisait massivement contre la dengue. Satisfaction cette année : on ne compte que 4 cas depuis début janvier 2015.
Quand on sait qu’au mois de mai, nous faisions face à 50 nouveaux malades chaque semaine, l’épidémie est bel et bien retombée. Au total en 2014, 494 cas ont été recensés et 522 pour l’épidémie complète qui avait débuté fin 2013. Mais le nombre de personnes concernées était probablement bien plus important.
Quasiment 12% des patients repérés avait été hospitalisés et heureusement, une seule une forme clinique sévère avait été constatée. Elle avait évolué favorablement.
2.000 hectares démoustiqués
Mamoudzou avait été la commune la plus touchée avec 250 cas répertoriés dans ses villages, suivi de Koungou avec 58 cas détectés et Petite Terre avec 114 malades diagnostiqués. Au final, aucune commune de l’île n’avait été épargnée par la circulation du virus.
Il est impossible de connaître les causes exactes du faible nombre de cas cette année même si les opérations d’information et de démoustication ont eu des effets incontestables: 8.500 domiciles ont été visités pour sensibilisation et destruction de gîtes de larves de moustiques. Plus de 2.000 hectares et 80 km de routes et de chemins ont été traités à l’insecticide.
Les bons gestes
Le palu en phase d’élimination, la dengue maîtrisée… Si on ajoute à cette excellente situation, zéro cas de chikungunya ou de fièvre de la vallée du rift, on peut dire que les moustiques de Mayotte n’ont jamais véhiculé aussi peu de maladies.
Pour autant, les autorités sanitaires savent qu’elles doivent rester vigilantes, rien n’est jamais totalement gagné sur les questions de santé. Elles ont à gérer cette situation nouvelle et prévenir le retour de ces maladies dans notre département. Nos bons comportements joueront également un rôle essentiel : il est encore et toujours important de se protéger des piqures de moustiques.
RR
Le Journal de Mayotte