Violences et paix : les sentiments s’affichent à Mtsamboro

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Ce vendredi, les élèves du collège et leurs enseignants se retrouvaient pour le vernissage d’une exposition de photographies noir et blanc, inspirée d’un concept Inside Out de l’artiste JR.

Egalité et drapeau français
Egalité et drapeau français

Les expos ne sont pas monnaie courante à Mayotte. Celle qui est le fruit d’un travail scolaire collectif des élèves du collège de Mtsamboro, se déploie en grand sur les murs du hall d’entrée, en plein air.

Lucile Gobert, qui a initié l’œuvre, est professeure d’arts plastiques : « face aux violences que nos élèves peuvent traverser, notamment parce qu’ils sont issus de différents villages, j’ai utilisé la notion d’œuvre d’art participative pratiquée par JR. »

L’artiste français JR est connu pour ses portraits grand format en noir et blanc, souvent exposés à contre-emploi pour interpeller, opposant deux mondes, souvent pour prouver qu’on peut « créer du beau là où on ne l’attend plus ». Ce concept « Inside-out » n’est pas aussi poussé à Mtsamboro, mais s’inspire de la méthode.

Des haïkus, courts poèmes japonais, jaillis de l’instant, et très codifiés quant aux nombres de vers et de syllabes, sont affichés à leurs côtés. 60 ont été écrits par des élèves de 6e à la 3e, dont 13 ont été extraits par Guillaume Saragosa. Car pour ce professeur de français qui cite un proverbe africain : « quand on nomme un problème, on commence à le résoudre. » Tout en précisant qu’il s’agit de chercher les sentiments au fond de soi et le transformer en un mot, « même s’il n’y a pas de résolution, il y a extériorisation. »

Egalité et mixité entre ces jeunes de différents villages

Lucile Gobert et Guillaume Saragosa devant l'exposition
Lucile Gobert et Guillaume Saragosa devant l’exposition

Qu’ils soient résignés, fatalistes, cocasses, symboliques ou humanistes, les haïkus traduisent les sentiments des jeunes collégiens, leurs émotions, et ce sont eux qui le disent le mieux : « Dans le ciel ténébreux, Des éclats de lumière, A travers les nuages », ou « Dans une petite forêt, un ours obscur, me salue tout joyeux », ou encore « Hommes noirs et blancs, Même race alors stop la violence, Voici l’enfant ».

Treize élèves qui ont chacun reçu des mains du principal Patrick Götz, un recueil de poésie.

Quant aux portraits en noir et blanc, plusieurs styles d’expression ont été retenus comme l’explique Lucile Gobert, qui a du cuisiner à base de farine sa propre colle à affiche « inexistante à Mayotte » : « un groupe a travaillé des expressions de visage sur la violence ou la paix, d’autres à partir d’un mot et un troisième groupe des 207 élèves de 4e, a mélangé les portraits comme témoignage de l’égalité et la mixité entre les élèves. »

Visages recomposés
Visages recomposés

Des élèves qui ont dû se mettre en scène et accepter d’exposer ainsi leurs visages à tous vents. C’est d’ailleurs une exposition éphémère, qui se détériorera avec le temps

Et comme il s’agissait d’un vrai vernissage, la journée s’est terminée par un rafraichissement servi par les élèves du CAP hôtelier de l’établissement.

Il est donc possible de visiter l’exposition, visible jusqu’aux grandes vacances, après avoir téléphoné au collège* pour confirmer les heures d’ouverture.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

*0269 62 50 32

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