Aéroport de Mayotte : bilan 2017 positif, mais rallongement de la piste au fond des cartons

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L'aéroport de Pamandzi
Yves Christophe, directeur de la SEAM
Yves Christophe, directeur de la SEAM

Depuis 2011, date de publication de la Délégation de Service Public de l’aéroport de Mayotte, sa gestion a changé de main. La Société d’Exploitation de l’Aéroport de Mayotte (SEAM), autrefois filiale de la SNC Lavalin, est passé le 29 décembre au capital d’EDEIS, née d’un partenariat à parts égales entre la société de participation française Impact Holding et le fonds d’investissement français Ciclad.

Détenant 19 aéroports régionaux et le port de plaisance de Rouen, pour un chiffre d’affaires de 140 millions d’euros, la société espère atteindre le trafic de 600.000 passagers à Mayotte.

En 2017, il n’en était encore que de la moitié, 385.367 passagers entrant et sortant, en progression de 10,6% par rapport à 2016. Deux incidents ont ralenti une belle progression, le conflit social de 2011, et le renouvellement de la flotte d’Air Austral en 2015.

Et c’est Air Austral qui se taille la part du lion, avec 200.000 passagers en 2017, auxquels il faut ajouter les 65.000 de sa filiale Ewa Air. Deux autres compagnies sont en progression sur l’année, Corsair, mais qui n’atteint pas les 40.000 passagers, et Inter Iles Air, qui a pourtant bien failli sombrer en juillet avec sa location ratée de l’A320.

« Très dépendant d’Air Austral »

Le Dreamliner d'Air Austral
Le Dreamliner d’Air Austral qui a permis la liaison directe

« Nous sommes très dépendant d’Air Austral mais qui tire aussi la croissance vers le haut », souligne Yves Christophe, le directeur de la SEAM. De fait, La Réunion reste la destination la plus prisée, malgré un fléchissement lié à la mise en place par Air Austral de la liaison direct de Mayotte vers Paris CDG, dont la fréquentation fait un bond conséquent. La destination des Comores souffre des déboires de AB Aviation, qui n’aura tenu qu’un an, et de Inter Iles Air.

Comme le souligne Gérard Mayer, président de la SEAM, le trafic régional est encore à implanter, « le hub dont rêve Ewa n’est pas encore là ! »

Le trafic du fret, assuré à 88% par Air Austral et 11% par Corsair, est consacré pour 30% à La Poste, et progresse de 6,7%, mais reste faible au regard des autres destinations : « Il n’y a aucun départ de marchandises au départ de Mayotte, faute d’exportations, et le coût du fret reste excessivement élevé », déplore Gérard Mayer. Qui fait état d’une alternative, « un transport par avion cargo jusqu’à Maurice, puis un cabotage maritime vers Mayotte ». Le sujet a été évoqué en préfecture.

Un autre problème soulevé par Ayub Ingar, à la tête d’Ewa Air, demeure l’impossibilité d’importer depuis des régions dont les normes de sureté d’aéroport ne sont pas reconnues par l’Union européenne.

Conclusion, c’est une « belle année pour l’aéroport », mais le « peut mieux faire » de Gérard Mayer, résonne comme un espoir.

« L’Etat défend le pavillon français »

Le Centre d'affaires EDEIS
Le Centre d’affaires EDEIS

Plusieurs autres investissements sont au programme. Celui qui est le plus demandé par la population dont plusieurs collectifs qui se réunissent ce samedi, est le rallongement de la piste de l’aéroport. Si on se doute que le délégataire EDEIS le verrait d’un bon œil eu égard à l’accroissement du trafic qui en résulterait, l’Etat semble plus que frileux : « Il se dit que la nouvelle génération d’avions serait moins consommatrice de kérosène, rendant moins indispensable la construction d’une piste longue », rapporte Gérard Mayer.

Et pour Yves Christophe, « on ne prête qu’aux riches », sous entendant qu’il faut un rapport de rentabilité, mais aussi de détermination, « les fonds européens dépendent de la volonté de l’Etat ou de la région ».

Quant à imaginer qu’une piste longue est la condition sine qua non de l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes, stimulatrices de concurrence, ce n’est pas tout à fait vrai : « Certaines ont fait des demandes avec la longueur actuelle, mais le droit de trafic ne leur a pas été accordé. L’Etat défend le pavillon français ». Ce qui explique la frilosité de la DGAC à rallonger la piste.

Bout de la piste actuelle sur le lagon
La piste actuelle, comme suspendue au dessus du lagon

Autre infrastructure, l’hôtel 3 étoiles qui devrait sortir de terre à proximité des loueurs de voitures, avec une ouverture programmée de ses 80 chambres et de son restaurant pour fin 2019.

Mutation à partir de l’ancienne aérogare, le Centre d’Affaires où s’est tenue la Commission consultative économique, est désormais opérationnel. Il abrite en son sein la Douane, Mondial protection (sureté aéroportuaire), Durandal, OTL, Server, et bientôt le Parc Naturel Marin. Sont mis à disposition deux bureaux pour des sociétés de passage, et deux salles de réunion.

Enfin, un centre commercial de boutiques de mode sera érigé en lieu et place de ce qui devait être la station essence Total, finalement annulée, à l’entrée de la zone aéroportuaire.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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